dimanche 21 juin 2009

Vogue, vogue, mon joli petit bateau




Vous vous souvenez sûrement de cette chason enfantine :

"Quand j'étais un tout petit garçon
je me sauvais de la maison,
je partais, sans le dire à maman
pour aller jouer dans l'étang ,

J'avais fait un bien joli voilier
avec des bouts de merisier,
que mon père, un ancien marinier
avait laissé dans l'atelier

Vogue, vogue, tout le long de la rivière
vogue, vogue, mon joli petit bateau.
(bis)"

Depuis longtemps, je nourri plus ou moins consciemment mes rêves d'aventures en mer, que celles-ci soient à la surface de l'eau, ou sous l'eau. D'ailleurs, il y a quelques années, j'ai décroché mon brevet d'instructeur de plongée sous-marine. J'ai enseigné à plus d'une soixantaine d'élèves-plongeurs, dont une dizaine d'entre-eux avec qui j'ai gardé un contact plus étroit. J'ai eu l'occasion aussi d'acquérir des connaissances techniques particulières au domaine subaquatique et maritime, et ainsi les partager avec qui veut bien en profiter.

Voilà maintenant près de quatre ans que je fabrique des kayaks de mer chez Boréal Design, des embarcations de haute qualité dont la réputation est mondiale. J'ai développé ainsi une passion pour la construction de bateaux et cet été, je vais quitter, un peu à regrets j'avoue, mon employeur actuel afin de suivre ma formation en architecture navale.

Chez Boréal, nous somme comme une famille, très unis les uns les autres. Il y longtemps que je n'avais pas rencontré une entreprise aussi humaine : au délà de la gestion des ressources humaines, il y a la gestion humaine des ressources. Certains l'on compris, d'autres non. Bien sûr, tout n'est pas parfait, mais c'est déjà beaucoup mieux qu'à bien d'autres endroits.

Avec le départ qui approche à grands pas, il y une foule de choses à penser: les changements d'adresse, les ouvertures de compte (ou les fermetures selon le cas) auprès des fournisseurs de services publics, toutes sortes de dossiers à régler, mais le plus important dans tout ça, c'est de revoir les amis d'ici, à Québec, avant de quitter la ville pour du moins les trois prochaines années à venir.

On a eu une dernière semaine bien chargée jusqu'à présent : vins et fromages vendredi soir, souper au BBQ samedi soir, fête des Pêres ce dimanche, une courte visite à Trois-Rivières lundi, un match de base-ball des Capitals mardi, une sortie en kayak tout neuf mercredi ... fiou !

On revoit de vieux amis, François, Annie, Claude ; on en rencontre des nouveaux, Sylvain, Manon, Jacinthe ; vous allez me manquer beaucoup, heureusement la technologie permet de garder le contact. On dit que partir, c'est mourir un peu...

Je vais retrouver ma famille, mes parents, ma soeur, mais je vais devoir laisser ici mes deux filles auprès de leur mère. La sensation est un peu particulière en cette journée de la fêtes des Pères, à une semaine du déménagement.

Mais la valeur du but à atteindre est à la hauteur du sacrifice à concéder. Je veux offrir à ma famille toute entière la fierté de me voir décrocher ce diplôme, obtenir un bon emploi, subvenir à tous nos besion et nous gâter un peu. Je ne veux plus vivre dans la misère, à tirer le diable par la queue. Le but est noble et les moyens tout autant.

Il est temps de hisser les voiles. Et vogue la galère !

samedi 13 juin 2009

État de crise




Je me relève d'une pierre au rein droit.

Un peu avant 6 heures du matin, lundi dernier, une douleur fulgurante me traverse l'abdomen du côté droit. J'appelle Info-Santé (811) mais ça tarde à répondre. En ait, ça ne répond pas du tout !

J'aurais pu appeller le 911, mais je ne crois pas, malgré cette même douleur, être en danger de mort à ce moment-là. Et puis, qui sait combien ça coûte faire venir l'ambulance ? J'ai une assurance-santé via mon boulot, mais couvre-t-elle le coût du transport en tape-cul jaune à haute-vitesse ? Pas vraiment le bon moment pour vérifier ce point, encore faut-il réussir trouver ces fichus papiers d'assurances dans le bordel du pré-déménagement...

Je me résigne à prendre la voiture pour aller à l'urgence la plus près. J'habite dans Loretteville, quartier du nord de Québec, et l'hosto du coin, l'hôpital Chauveau, est à quelques rues de distance. Mais voilà que depuis le début juin, l'urgence est fermée la nuit : pas de médecin disponible depuis minuit ! Il est 6h30 et je me fait répondre d'attendre jusqu'à 8h. "On l'a annoncé partout, vous êtes pas au courant ?" Fermé la nuit... Coudonc, on est-tu en URSS ? Et puis, est-ce qu'on se souvient de ce détail quand on est plié en quatre ?

N'ayant pas la force de conduire d'avantage pour aller me faire voir ailleurs, je retourne donc m'asseoir dans la voiture, avec mon martyre grandissant de minute en minute. Mais c'est que la douleur devient VRAIMENT insupportable !

Je n'en peux plus, je sort péniblement de la voiture et je franchis à nouveau les quelques mètres me séparant de la porte d'entrée, passe devant une dizaine personnes (apparemment bien portantes) agglutinées devant le gardien de sécurité qui m'apporte un fauteuil roulant : mince soulagement !

C'est finalement après plusieurs minutes d'agonie qu'une gardienne se décide à enfin demander une ambulance. Est-ce par pitié pour moi, ou en avait-elle assez de m'entendre hurler à la mort ? Alors qu'on me demande, sur une échelle de 0 à 10, quel est mon niveau de douleur, je crie : 12 ! 12 ! Aaaargh ! On me dépose ensuite sur une civière et alors qu'on cherche en vain à ouvrir l'armoire à pharmacie (rappellez-vous, l'urgence est techniquement fermée) afin de me donner du Tylenol, l'ambulance arrive enfin.

Voyage plus ou moins agréable en tape-cul jaune haute-vitesse, les ambulanciers soupçonnent une pierre au rein, j'ai les muscles tendus au maximum à cause de la douleur, je transpire abondamment, j'ai la bouche complètement sèche et la langue gonflée, j'ai des spasmes, des nausées et des vertiges, JE VEUX MOURIR ! Une pierre au rein est aussi douloureux qu'un accouchement, y parait... Lors d'un accouchement au moins, le corps de la femme est fait pour ça, c'est quand même normal, mais une uretère en pavé uni, ça c'est pas normal !

Arrivé à l'hôpital St-Sacrement, mon porte-feuille par contre est resté dans la voiture... pas de carte soleil, je fait piètre figure : Incapable d'articuler clairement, je communique autant que faire se peut avec mes doigts mon numéro d'assurance-maladie. Ainsi ils ont accès à mon dossier et je suis admis rapidement.

Trop tendu et crispé pour qu'on soit capable de m'installer un soluté, et un calmant, en intraveineux, c'est par un suppositoire que vient ma délivrance... On s'essaie à pas moins de 6 reprises avant de réussir à insérer l'aiguille, je devient une passoire avec tous ces trous. Vive la morphine, je perd la carte, bonjour le sommeil !

À mon réveil, je suis amené au scanner, on saura ainsi qu'il s'agit bel et bien d'un calcul rénal, ce qui sera confirmé en milieu d'après-midi. La pierre, à peine plus grosse qu'un grain de sable dans mon engrenage, s'approche enfin de la vessie. La douleur me quittant progressivement, avec la médication, on me laisse partir pour la maison non sans l'habituel cocktail de prescriptions nécessaire en pareil cas : analgésique, stimulant urinaire et... encore de la morphine, en cas de rechute intense.

Le lendemain en début de soirée, la partie est gagnée : le traître caillou est expulsé du jeu, après avoir été noyé par les nombreux litres d'eau à l'heure que je bois depuis mon retour à la maison, la veille. J'ai cessé de prendre mes médocs le surlendemain de ma mésaventure.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, à ce qu'on dit. Il me reste des comprimés de morphine disponible, puis-je les revendre sur le Net ? Ça compenserait pour mes jounées de travail manquées...

samedi 6 juin 2009

Destination : ici et maintenant




Voilà ! C'est fait. Je suis moi aussi sur la planète Blogue. Le voyage pour y arriver a été court, la décision d'y parvenir, par contre, fut plus longue.

Qu'écrire ici ? Je ne suis pas débordant d'inspiration, du moins je ne crois pas, mais peut-être qu'avec le temps, celle-ci me viendra plus amplement. Quoique parfois il m'arrive d'en avoir gros sur le coeur et lourd en mon âme, et c'est probablement ce qui est arrivé ce soir, l'envie d'écrire ici, imperceptiblement mais définitivement.

Commençons d'abord par le commencement, n'est-ce pas ? J'habite à Québec, j'ai 36 ans, je suis divorcé, j'ai deux filles de 13 et 9 ans en garde partagée, j'ai un travail qui me passionne... bref tout semble aller pour le mieux, je mène une vie de trentenaire peinard comme tant d'autres.

Mais d'ici quelques semaines, tout va basculer !

Dans le salon, les étagères se sont vidées de leurs bouquins tandis que des boîtes de carton s'empilent un peu partout le long des murs. Ça sent le déménagement. Rien d'étonnant me direz-vous quand on sait que le premier juillet, fête nationale du dit déménagement, approche à grands pas. Sauf que cette fois-ci, c'est plutôt particulier.

Depuis l'été dernier, soit depuis que j'habite à cette présente adresse, il y eu peu de moments de réelle tranquilité. Je vais passer assez rapidement sur les raisons de ce peu de paix et de quiétude en ma demeure, sachez seulement que les voisins au dessus, insignifiants et emmerdeurs, y sont pour quelque chose. Donc, cette année fut propice à la réflexion et la remise en question : "Qui voudrait finir comme mes charmants voisins et leurs compagnon de beuveries, à boire toutes les nuits, la musique au fond, pas d'horaire, pas de vie..." Je ne veux pas me retrouver parmi eux !

Voyons les choses en face : À 36 ans, je suis encore jeune. Divorcé, la pension alimentaire des enfants me coûte une part non-négligeable de mon salaire ; ce serait bien d'aller en chercher plus mais ma scolarité, à son niveau actuel, ne m'offre pas les possibilités auxquelles j'aspire pour progresser dans ma carrière. La récession est à nos porte et ma charge travail s'en trouve affectée, mon salaire de même.

Je moule et j'assemble des kayaks de mer en polyéthylène, ainsi que d'autres tâches, mais malgré ma grande polyvalence (ou grâce à celle-ci, c'est selon), je crois bien que j'ai fait le tour du jardin dans l'entreprise qui m'emploie. Je veux et je peux en faire plus, en conception d'ailleurs, mais mes connaissances en le domaine sont limitées aux livres, quoique nombreux, que j'ai eu l'occasion de lire à la bibliothèque municipale.

Vous me voyez venir ? Je retourne aux études ! Institut maritime du Québec à Rimouski, techniques de l'architecture navale. L'occasion de réaliser un veux rêve trop longtemps ignoré.

Mais voilà qu'à quelques semaines du déménagement, j'ai l'impression que tout ne va pas aussi vite que je le voudrais. Le temps passe incroyablement lentement pour ceux qui attendent.

Alors j'écris. J'écris pour passer le temps, pour conjurer l'attente, pour mettre sur papier, si virtuel qu'il puisse être, mes dérives de l'esprit, perdu dans les nuages, ou au beau milieu de l'océan.

C'est beau l'océan. L'océan, ou la mer, c'est mon refuge. Mon hâvre. À Rimouski, le fleuve St-Laurent, large et profond, prend des allures de mer. J'aime à me retrouver au bord de ce fleuve qui m'a vu naître. Et cet été, je retourne à Rimouski humer l'air salin qui m'a tant manqué.

Je retourne chez moi.