samedi 13 juin 2009

État de crise




Je me relève d'une pierre au rein droit.

Un peu avant 6 heures du matin, lundi dernier, une douleur fulgurante me traverse l'abdomen du côté droit. J'appelle Info-Santé (811) mais ça tarde à répondre. En ait, ça ne répond pas du tout !

J'aurais pu appeller le 911, mais je ne crois pas, malgré cette même douleur, être en danger de mort à ce moment-là. Et puis, qui sait combien ça coûte faire venir l'ambulance ? J'ai une assurance-santé via mon boulot, mais couvre-t-elle le coût du transport en tape-cul jaune à haute-vitesse ? Pas vraiment le bon moment pour vérifier ce point, encore faut-il réussir trouver ces fichus papiers d'assurances dans le bordel du pré-déménagement...

Je me résigne à prendre la voiture pour aller à l'urgence la plus près. J'habite dans Loretteville, quartier du nord de Québec, et l'hosto du coin, l'hôpital Chauveau, est à quelques rues de distance. Mais voilà que depuis le début juin, l'urgence est fermée la nuit : pas de médecin disponible depuis minuit ! Il est 6h30 et je me fait répondre d'attendre jusqu'à 8h. "On l'a annoncé partout, vous êtes pas au courant ?" Fermé la nuit... Coudonc, on est-tu en URSS ? Et puis, est-ce qu'on se souvient de ce détail quand on est plié en quatre ?

N'ayant pas la force de conduire d'avantage pour aller me faire voir ailleurs, je retourne donc m'asseoir dans la voiture, avec mon martyre grandissant de minute en minute. Mais c'est que la douleur devient VRAIMENT insupportable !

Je n'en peux plus, je sort péniblement de la voiture et je franchis à nouveau les quelques mètres me séparant de la porte d'entrée, passe devant une dizaine personnes (apparemment bien portantes) agglutinées devant le gardien de sécurité qui m'apporte un fauteuil roulant : mince soulagement !

C'est finalement après plusieurs minutes d'agonie qu'une gardienne se décide à enfin demander une ambulance. Est-ce par pitié pour moi, ou en avait-elle assez de m'entendre hurler à la mort ? Alors qu'on me demande, sur une échelle de 0 à 10, quel est mon niveau de douleur, je crie : 12 ! 12 ! Aaaargh ! On me dépose ensuite sur une civière et alors qu'on cherche en vain à ouvrir l'armoire à pharmacie (rappellez-vous, l'urgence est techniquement fermée) afin de me donner du Tylenol, l'ambulance arrive enfin.

Voyage plus ou moins agréable en tape-cul jaune haute-vitesse, les ambulanciers soupçonnent une pierre au rein, j'ai les muscles tendus au maximum à cause de la douleur, je transpire abondamment, j'ai la bouche complètement sèche et la langue gonflée, j'ai des spasmes, des nausées et des vertiges, JE VEUX MOURIR ! Une pierre au rein est aussi douloureux qu'un accouchement, y parait... Lors d'un accouchement au moins, le corps de la femme est fait pour ça, c'est quand même normal, mais une uretère en pavé uni, ça c'est pas normal !

Arrivé à l'hôpital St-Sacrement, mon porte-feuille par contre est resté dans la voiture... pas de carte soleil, je fait piètre figure : Incapable d'articuler clairement, je communique autant que faire se peut avec mes doigts mon numéro d'assurance-maladie. Ainsi ils ont accès à mon dossier et je suis admis rapidement.

Trop tendu et crispé pour qu'on soit capable de m'installer un soluté, et un calmant, en intraveineux, c'est par un suppositoire que vient ma délivrance... On s'essaie à pas moins de 6 reprises avant de réussir à insérer l'aiguille, je devient une passoire avec tous ces trous. Vive la morphine, je perd la carte, bonjour le sommeil !

À mon réveil, je suis amené au scanner, on saura ainsi qu'il s'agit bel et bien d'un calcul rénal, ce qui sera confirmé en milieu d'après-midi. La pierre, à peine plus grosse qu'un grain de sable dans mon engrenage, s'approche enfin de la vessie. La douleur me quittant progressivement, avec la médication, on me laisse partir pour la maison non sans l'habituel cocktail de prescriptions nécessaire en pareil cas : analgésique, stimulant urinaire et... encore de la morphine, en cas de rechute intense.

Le lendemain en début de soirée, la partie est gagnée : le traître caillou est expulsé du jeu, après avoir été noyé par les nombreux litres d'eau à l'heure que je bois depuis mon retour à la maison, la veille. J'ai cessé de prendre mes médocs le surlendemain de ma mésaventure.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, à ce qu'on dit. Il me reste des comprimés de morphine disponible, puis-je les revendre sur le Net ? Ça compenserait pour mes jounées de travail manquées...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire