mardi 17 avril 2012

Retour au pays des constructeurs de goélettes, 1re partie

Samedi le 14 avril dernier, j'étais de retour à l'Isle-aux-Coudres. En fait, c'était dans le cadre d'une visite du chantier d'Industrie Océan avec mes collègues d'architecture navale. Voici donc un résumé de notre voyage.

À 6h00 du matin, nous quittons l'IMQ à bord de deux véhicules en location. Je serai le conducteur de l'un des deux. Nous allons traverser le fleuve depuis Rivière-du-Loup jusqu'à St-Siméon, à bord du M.V. Trans-St-Laurent, opéré par la compagnie Clarke. Le départ est à 8h00 et nous devons être sur place environ une heure auparavant.

Construit au début des années '60, le Trans-St-Laurent est un vieux navire, mais il est bien entretenu et confortable. Long de 76 mètres et large de 18, il jauge 927 tonnes et peut accueillir une centaine de voitures et 400 passagers. Le trajet dure environ 65 minutes et il arrive parfois que l'on puisse apercevoir des baleines durant la traversée.

Le déjeuner à bord est très correct, quoique le prix est un peu dispendieux : un peu plus de 8$ pour un oeuf-bacon-toasts-café. Mais mon petit-déjeuner est loin, je suis debout depuis 5h00 alors je ferme le moulin-à-paroles et j'active le mâche-patates !

La moitié du groupe descend ensuite au niveau de la salle des machines, l'autre moitié pourra le faire lors du voyage de retour. Il est de tradition qu'en voyage de groupe, les architectes en devenir ont la possibilité de visiter ces endroits habituellement hors d'accès du commun des mortels. Nous sommes privilégiés à ce titre.

On pourrait s'attendre à ce que la salle des machines d'un traversier de la taille du Trans-St-Laurent soit quelque peu exiguë, or il n'en est rien : il y a de l'espace, beaucoup d'espace même, et le tout est d'une propreté exemplaire. Les hommes qui y travaillent sont fiers de leur navire.

Il y a aussi un atelier d'usinage équipé d'un tour axial et d'une fraiseuse, ainsi que d'un choix d'outils à faire rêver tous les bricoleurs. Les deux moteurs de 1470 kW chacun tournent rondement, entraînant les arbres de transmission et les hélices, propulsant le navire à une vitesse maximum de quinze noeuds. Le bruit est assourdissant mais nous portons des bouchons protecteurs.

Aussitôt arrivés à St-Siméon, je fais une pause au restaurant Quévillon, afin de réserver nos places pour le souper. Situé tout en haut de la côte, le resto nous offrira une vue imprenable la baie et sur l'arrivée du traversier au quai, histoire de ne pas rater l'embarquement pour le retour.

Prochain arrêt : St-Joseph-de-la-Rive. Nous allons y attendre notre deuxième traversier, le Joseph-Savard, qui nous amènera à l'Isle-aux-Coudres.

Charlevoix est le pays des constructeurs de goélettes, d'abord à voiles, puis à moteur. Un peu partout sur ses rives, de multiples chantiers de plus ou moins grande importance ont donné naissance à ces magnifiques voitures d'eau. Aujourd'hui, la plupart de ces chantiers ont disparus mais c'est à St-Joseph qu'était le plus grand d'entre eux. D'ailleurs, on y retrouve le Musée maritime de Charlevoix.

Malheureusement en ce 14 avril, nous sommes encore trop tôt en saison pour l'ouverture du musée. Dommage ! il y a de belles goélettes que l'on peut visiter, derniers témoins de la glorieuse époque du cabotage sur le fleuve. Ce n'est que partie remise pour ma part, puisque j'aurai la chance d'y revenir. Nous nous dirigeons donc vers le quai du traversier.

À SUIVRE...

lundi 9 avril 2012

Empress of Ireland : que faire d'une épave de 100 ans ?



Carte postale de l'Empress of Ireland, au départ de Québec
Dans la nuit du 29 mai 1914, le paquebot RMS Empress of Ireland, fleuron de la compagnie Canadian Pacific, entrait en collision avec le charbonnier norvégien Storstad, et sombrait en face de Ste-Luce-sur-Mer en seulement 14 minutes, emportant avec lui 1012 des 1477 passagers et membres d'équipage à son bord.

Près de cent ans plus tard, le Site historique maritime de la Pointe-au-Père (SHMP), près de Rimouski, désire que soit levée, du moins de façon temporaire, l'interdiction de prélever des artéfacts sur l'épave qui gît à près de 45 mètres sous la surface.

Depuis 1999, cette interdiction vise à protéger ce qui reste de l'épave, en tant que cimetière marin, contre le pillage éhonté dont a été l'objet le navire autrefois majestueux, mais aujourd'hui dépouillé de ses plus belles pièces.

Un émetteur de transmetteur d'ordres,
et dont on recherche le récepteur

Le SHMP désire récupérer les derniers vestiges accessibles, dont le récepteur du transmetteur d'ordres - une pièce unique parce que très rare de nos jours - situé à la salle des machines, avant que celui-ci ne disparaisse à jamais, ensevelli sous un amas de débris et de sédiments.C'est également l'avis de plusieurs intervenants du milieu, dont l'auteur de ces lignes.

L'article de Carl Thériault, collaborateur au journal Le Soleil, le lundi 09 janvier 2012, quand au principe de ne pas toucher aux épaves :

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201201/08/01-4483882-le-principe-de-ne-pas-toucher-aux-epaves-remis-en-question.php

Un autre article de Carl Thériault, le samedi 19 févier 2012, quand à son état actuel :

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/les-regions/201202/18/01-4497475-empress-of-ireland-la-degradation-de-lepave-inquiete.php

Vue d'artiste de l'état actuel de l'épave
Il faut savoir que, tout comme l'épave du Titanic, celle de l'Empress of Ireland voit sa structure s'affaiblir d'année en année, à cause de la corrosion en eau salée. De plus, le Titanic semble être confronté à une bactérie se "nourrissant" de rouille. L'Empress est-elle en train de subir le même sort ?

Le débat continue. Entretemps, le directeur général du SHMP, Serge Guay, préfère mettre de l'avant les projets de commémoration du naufrage, dont on soulignera le centième anniversaire en 2014.

Une petite anecdote en passant...

Dans le film Titanic de James Cameron, au moment où le navire coule, le flanc déchiré par un iceberg, on voit le milliardaire Benjamin Guggenheim et son valet personnel Victor Giglio, vêtus de leurs plus beaux habits et attendant la mort avec élégance : "Nous sommes prêts à mourir en gentlemen !"

Exactement 100 ans plus tard, soit en janvier dernier, le paquebot Costa Concordia faisait naufrage à son tour, lui aussi déchiré au flanc mais cette fois-ci par un éperon rocheux, près de l'ile de... Giglio !

Une revanche ?

dimanche 8 avril 2012

Samuel Côté persiste... et signe !

Le chasseur d'épaves Samuel Côté vient de publier, cette fois chez l'éditeur Broquet, son deuxième ouvrage sur l'histoire maritime d'ici : le livre "Les naufrages du Québec au XXe sciècle" temoigne du fruit de ses recherches.
"Le fleuve Saint-Laurent a été le théâtre de nombreux naufrages au cours du XXe siècle.  Ces pertes sont imputables, entre autres, à des incendies, à des collisions dans le brouillard, à des conditions météorologiques défavorables ou encore à des erreurs de navigation. Les naufrages du Québec au XXe siècle retrace, à l’aide de nombreuses photographies, plus d’une centaine de naufrages du siècle dernier, y compris ceux en temps de guerre. Cet ouvrage de photographies commentées est un document unique au Québec. Il vous fera revivre les naufrages marquants du XXe siècle dont celui de l’Empress of Ireland, du Simcoe, du Cymbeline, du Québec, du B.F., du Tritonica, de la Manseau 101, du Nadine et du Brier Mist."
Le Priçois d'origine, qui est étudiant au baccalauréat en histoire de l'Université du Québec à Rimouski, a écrit auparavant "Le Métis maritime, ancré au passé... de 1800 à aujourd'hui", aux éditions l'Avantage.

Le jeune auteur, maintenant Rimouskois d'adoption, présente des conférences dans les écoles afin de sensibiliser les jeunes à la richesse historique de notre patrimoine maritime et son importance dans le développement de notre région. Il réalise également des capsules web historiques sur Mativi Est-du-Québec.

Samuel Côté est récipiendaire de nombreux prix et reconnaissances, dont le Prix du Patrimoine 2010 dans la catégorie Transmission, interprétation et diffusion.

Le chasseur d'épave dispose d'une équipe de plongeurs qui lui permet de valider sur le terrain les résultats de ses recherches.  Loin des images de pillards sous-marins avides de richesses ou de découvertes à exhiber en privé, les recherches visent à documenter et faire connaître au grand public l'histoire maritime de notre coin de pays.

Parfois même, elles permettent d'apporter un soulagement à la peine causée aux familles des marins disparus dans ces naufrages : certains des ces navires perdus ont coulé dans un aura de mystère, comme ce fut le cas pour le B.F. et le Brier Mist, ces deux tragédies n'ayant laissé aucun survivants.

Le livre "Les naufrages du Québec au XXe siècle" sera bientôt disponible en librairie au prix de détail de 21.95 $ et le lancement officiel est prévu pour le début mai. 

On peut suivre les aventures et les découvertes de Samuel Côté via son site Internet Le cimetière du Saint-Laurent et sa chronique dans le journal L'Avantage.